18 février 2019 – Rencontre avec Florie Abras (6e transition 2000), comédienne en France
- Veux-tu bien d’abord te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Florie Guerrero Abras, je suis comédienne et je vis dans le sud de la France depuis 2009. J’ai deux petits garçons et une petite fille avec Mathias, mon mari qui est vigneron nature dans le Pic Saint Loup.
- Tu as accompli ta scolarité à Saint-Michel. Quelle(s) option(s) avais-tu choisie(s) ?
J’ai fait toute ma scolarité secondaire à Saint-Michel en option latin.
- Peux-tu nous décrire brièvement les différentes étapes qui t’ont petit à petit menée à ta carrière d’aujourd’hui ?
Je me suis inscrite au Conservatoire d’art dramatique de Verviers à 13 ans. Parce que j’avais fini le Conservatoire de musique en piano et le Conservatoire de danse. Je voulais continuer à être inscrite, à suivre des cours là-bas. J’adorais cet endroit !
Je me suis dit : « L’art dramatique, pourquoi pas ? ». Je n’y connaissais rien. J’ai d’abord suivi des cours de diction et de déclamation. À l’époque on n’avait pas le droit de commencer directement les classes de théâtre, il fallait passer par la diction et la déclamation pendant un an. Ce dont je me souviens c’est qu’en cours de déclamation on pouvait choisir tous les textes qu’on aimait et on les disait en spectacle. Je trouvais ça fou de pouvoir monter sur une scène et dire absolument tout ce qu’on voulait. Un espace de liberté totale. C’est la première fois que j’ai réalisé que je pouvais faire rire aussi. Sur un texte de Raymond Devos, « Le savoir choir ».
J’ai continué jusqu’à mes 18 ans au Conservatoire, puis je suis partie à l’université en langues et littératures romanes et j’ai intégré le théâtre universitaire de Louvain. Et c’est dans la première pièce qu’on a montée, « La Cantatrice Chauve » de Ionesco, que j’ai rencontré Vinciane, la metteuse en scène (car on dit metteuse, oui !) avec laquelle j’allais travailler pendant presque 10 ans.
Quand j’ai obtenu mon master, j’ai embarqué mes parents à Paris pour me chercher un appartement. (Je me souviens que c’est le jour de la remise des diplômes que nous sommes partis à Paris. Véritablement « mon diplôme en poche »!) Et je me suis inscrite au cours Florent. À la fin de ma formation, je suis revenue en Belgique où j’ai enseigné le français et le théâtre pendant deux ans dans un lycée à Bruxelles, et en parallèle je jouais au théâtre. Mais assez vite le théâtre a pris le pas sur l’enseignement, je suis partie au Canada puis au Burkina Faso avec Vinciane pour tourner des spectacles que nous avions créés en Belgique et en France.
- Quand et pourquoi as-tu quitté la Belgique pour t’installer en France ?
J’ai quitté la Belgique en 2009 pour m’installer dans le Sud. À l’époque, je tournais déjà beaucoup avec des compagnies françaises et j’ai décidé de m’installer à Montpellier pour travailler avec une compagnie sur place. Sur l’un de nos spectacles, j’ai rencontré Mathias, mon mari qui était musicien alors. Et depuis… je ne suis plus jamais partie !
- Quelles sont les principales difficultés du métier de comédienne ? Les débouchés sont-ils nombreux ?
Les difficultés de ce métier sont celles de tous les métiers aujourd’hui. La précarité est partout. On entend depuis longtemps ce discours, mais il est vrai que le budget de la culture dans nos pays est sans cesse remis en question. La culture, l’art sont des outils de réflexion, de mises en question de la société qui peuvent déranger certains.
- Très schématiquement, comment se passe une de tes journées habituelles ? As-tu, certains jours ou à certains moments, des activités plus spéciales ?
J’ai une vie on ne peut plus classique ! J’emmène les enfants à l’école et à la crèche le matin. Selon les jours, je répète, j’apprends mes textes, je donne des ateliers de pratique théâtrale où je joue dans des spectacles. Mais le soir la plupart du temps, je suis à la maison avec ma famille comme n’importe qui. Quelques mois par an, je pars en tournée à travers la France, avec ma petite famille dans mes bagages lorsque c’est possible !
- On te voit apparaître dans quelques films. Récemment, par exemple, dans le téléfilm « Le Pont du Diable » ; une fois même aux côtés de Catherine Deneuve. Qu’est-ce qui t’attire le plus, la scène ou le cinéma ?
Définitivement la scène ! J’ai en effet joué dans quelques films et séries. Il y en a de plus en plus qui sont tournés dans la région. C’est très amusant à faire au départ parce que c’est un univers tellement différent du théâtre. Mais au final c’est très long, il faut beaucoup attendre. Il y a tellement de facteurs qui entrent en jeu pour tourner une bonne scène : la lumière, le son, le cadrage. Finalement, nous les acteurs, arrivons en dernier quand tout est prêt pour refaire 25 fois la même prise ! Et puis il n’y a personne en face ! J’aime le théâtre parce que c’est l’art du présent. On est ensemble ce jour-là à cette heure-là pour partager ce moment-là qui n’aura plus jamais lieu. Ça a quelque chose de magique !
- Pour te voir dans une réalisation concrète, aurais-tu, sait-on jamais, une (ou des ?) séquence(s) YouTube à nous recommander ?
Je joue cette semaine un monologue magnifique de Pauline Sales qui s’appelle « Le Groenland » au domaine d’O à Montpellier. Venez ! On peut voir le teaser sur YouTube : Voir « Le Groenland ».
Il y a également un spectacle pour l’espace public qui s’appelle « En Apnée » de Sarah Fourage. Je joue depuis 3 saisons : Voir « En Apnée ».
Et de la danse avec un chorégraphe qui se nomme Leonardo Montecchia. Le spectacle s’appelle « In-utile » sur la question du geste utile ou inutile à l’université : Voir « In-utile ».
Ou encore « Pour rire pour passer le temps » de Sylvain Levey : Voir « Pour rire pour passer le temps ».
- As-tu actuellement des projets précis ?
Je travaille sur un nouveau projet sur les migrants qui sortira en mai 2020 avec la compagnie Délit de Façade.
- Et pour terminer notre entretien, souhaiterais-tu évoquer un souvenir de ton passage à St-Michel ?
Notre voyage de fin d’études au Sénégal en 2000 qui aura été sans aucun doute le moment le plus fort et humain de toute ma scolarité.
Un tout grand merci, Florie, d’avoir accepté de répondre à nos questions avec tant de détails. Nous pouvons nous rendre compte que tu es passionnée par ton métier. Nous te souhaitons le meilleur pour la suite de ta carrière !
Interview et mise en page de Chr. Rensonnet
Petit souvenir ci-contre :