18 novembre 2016 – La 6e A au « 21 rue de la Boétie »

Ce vendredi-là, les élèves de 6e A (transition), dans le cadre de leur cours d’histoire, ont visité l’exposition « 21 rue de la Boétie » au musée de la Boverie, accompagnés de Mme Henrar et de M. Lejeune.

Grâce à une guide passionnée, ils ont pu admirer les toiles rassemblées par Paul Rosenberg, grand-père de la journaliste Anne Sinclair, qui au début du XXe siècle devint le vendeur de plusieurs grands noms de l’art moderne dans sa galerie parisienne, au 21 rue de la Boétie.

Notre guide nous présenta préalablement l’impressionnisme à travers des tableaux de Camille Pissaro, Alfred Sisley et Edgar Degas utilisés par Rosenberg pour crédibiliser auprès de ses clients d’autres artistes, moins connus alors car novateurs, comme Pablo Picasso, Georges Braque, Fernand Léger, Henri Matisse ou Marie Laurencin. Les élèves purent ainsi distinguer la spécificité de chacun d’eux à travers un commentaire éclairant sur quelques toiles, familiarisant par ailleurs le groupe avec le cubisme et le fauvisme.

Mais cette exposition aborde aussi le contexte historique perturbé de l’époque: la montée du nazisme et de l’antisémitisme, la seconde guerre mondiale.

D’abord, notre guide expliqua aux élèves comment les nazis éliminèrent de nombreuses œuvres d’art moderne qualifiées d’art dégénéré et considérées comme dangereuses pour la santé morale du peuple allemand. Le musée de la Boverie juxtapose plusieurs toiles d’art «dégénéré» (Marc Chagall, Pablo Picasso, James Ensor, Oskar Kokoschka, Marie Laurencin) et des toiles d’art allemand sur les mêmes thèmes, célébrant l’idéologie nazie: les oppositions soulignées par la guide sont flagrantes. Quelques photos et un film présentent en outre l’exposition itinérante d’art allemand montée par les nazis entre 1937 et 1944, ainsi que celle d’art dégénéré organisée pendant la même période afin de susciter une réaction de rejet chez un maximum de citoyens du Reich, c’est encore à ce jour l’exposition d’art moderne qui, paradoxalement, fut la plus visitée au monde!
Ensuite, l’évocation de la fuite aux Etats-Unis de Paul Rosenberg ainsi que du pillage et de la dévastation de sa galerie par les nazis aux ordres d’Herman Goering permit aussi à notre guide de mettre en évidence la persécution des Juifs dans les milieux artistiques et intellectuels en Europe occupée.

Finalement, cette superbe exposition, qui se prolonge jusqu’en janvier, commentée avec passion par une guide compétente, amena les élèves de 6e A, non seulement à découvrir l’instrumentalisation de la peinture par l’idéologie nazie, mais surtout à s’ouvrir à l’art moderne.

Yves Lejeune