Novembre 2025 – Beau parcours dans le monde judiciaire verviétois pour une rhétoricienne de juin 1995.
Lorsque la presse met à l’honneur l’un ou l’autre de nos anciens élèves, l’Institut est toujours heureux d’en apprendre sur le chemin parcouru depuis la sortie de rhétorique il y a peu ou beaucoup d’années.
C’est le cas de Vanessa Clérin (rhéto 1995) qui est devenue en novembre 2024 procureure de division à Verviers.
Après des études de droit à l’Université de Liège et un diplôme d’études spécialisées en criminologie, Vanessa est entrée au parquet de Verviers en 2003, écolée par Thierry Braun, lui aussi ancien de notre école (rhéto 1969), malheureusement décédé. Après un concours en 2008, elle a prêté serment comme stagiaire judiciaire avant d’être promue Premier substitut du Procureur du Roi en 2018. Et la voilà maintenant procureure de division à Verviers.
Fin avril 2025, le journal « L’Avenir » lui a consacré une page entière dans ses « Rencontres du samedi ». Elle y explique son nouveau travail en toute simplicité.
Bien qu’elle soit contente de rester à Verviers avec une équipe soudée et solidaire, elle reconnaît que les premières semaines dans sa nouvelle fonction n’ont pas été faciles, car ce n’est plus un métier de dossiers et d’enquêtes. C’est un métier de ressources humaines où il faut gérer les gens et organiser.
Elle a maintenant deux sections à organiser et équilibrer: « droit commun » (vols, coups et blessures, rébellions, outrages…) et « famille » (violences intrafamiliales, mineurs en danger, délinquants…). Elle est un relais entre le procureur du roi, les services de police et les magistrats.
Grâce à cette fonction elle peut s’investir au niveau de projets qui concerne tout le parquet de Liège. Elle pourra donc contribuer à la réforme de certaines procédures. Elle se sent comme une voix de la base. Elle adore son métier qui est pour elle une vocation.
Elle rappelle que le rôle du parquet c’est de préserver l’intérêt de la société en faisant respecter les règles du bien vivre ensemble: défendre les droits des victimes, tout en recherchant la solution la plus adaptée quand il s’agit d’être répressif.
Toutes nos félicitations à Vanessa pour ce parcours remarquable ! Puisse-t-elle conserver son enthousiasme débordant !
En juin 2004 (il y a 21 ans!) nous avions recueilli pour la revue de notre Institut le témoignage de Vanessa, alors en début de carrière. C’est avec plaisir que nous relisons ses propos repris textuellement :
Vanessa à Saint-Michel
Première rentrée des classes à Saint-Michel. A la vue de la cour intérieure et du rideau de fer qui lentement s’abaissait, je n’ai pu m’empêcher de fredonner : « Les portes du pénitencier sur moi se sont refermées… » Et comme du haut de mes 12 ans, la rhéto ne me semblait être qu’un mirage au loin : « C’est ici que je finirai ma vie… »
Et pourtant ! En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire (ou presque), j’ai atteint cet échelon suprême (hum !). C’est cependant avec un petit pincement au cœur que je voyais la fin de l’année se rapprocher. J’étais, en effet, toujours incapable de répondre à la question : « Tu veux faire quoi quand tu seras grande ? » Ce qui était sûr, c’est que je n’avais aucune affinité avec les sciences, que dame nature ne m’avait fourni aucun don artistique, qu’une carrière d’athlète de haut niveau n’était pas à envisager et que j’étais totalement hermétique aux démonstrations du cours de renforcement math. Ma mère devrait abandonner son rêve de me voir devenir ingénieur.
Sart-Tilman
Ce n’est qu’au cours du mois de mars, suite à une journée sur les métiers, grâce au brillant exposé d’un avocat, que j’ai décidé d’entreprendre des études de droit. Ce qui m’avait séduite, c’était le nombre de débouchés s’offrant aux licenciés en droit : avocat, magistrat, juriste d’entreprise, etc.
Ainsi fut dit, ainsi fut fait. Un beau jour de septembre, j’ai débarqué au Sart-Tilman. Je n’étais pas la seule, 500 autres étudiants de première candi droit encombraient le hall d’entrée !
Lors de la première candi, j’ai très vite regretté Saint-Michel que je n’aspirais pourtant qu’à quitter en raison de son côté (que je trouvais) infantilisant et étouffant. Mais lorsque l’on se retrouve n’être plus qu’un numéro matricule (« je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre!« , que l’on est livré à soi-même dans les couloirs labyrinthiens de l’université, que l’on a l’impression d’être un personnage dans un roman de Kafka dès qu’on parle de formalités administratives et que la matière à ingurgiter pour les examens se compte, non plus en dizaines de pages, mais en centaines, je vous assure que l’on regrette les interros que l’on pouvait étudier la veille (ouille !… je vais me faire taper sur les doigts), la prise en charge quasi totale par les profs et le personnel administratif, l’ambiance bon enfant qui régnait en classe et le fait d’être appelé par son prénom !
Heureusement, on s’adapte très vite et j’ai finalement traversé mes années d’études d’un petit pas tranquille (légèrement boiteux en ce qui concerne ma 2e candi pour tout avouer), poussant même le vice jusqu’à faire une spécialisation en criminologie. La recette pour réussir des études de droit ? En ce qui me concerne: une pincée de confiance en soi, quelques gouttes de sueur provenant d’un travail régulier (dans la mesure du possible…), une bonne dose de mémoire, un esprit logique et de bons codes sur lesquels s’appuyer. A chacun d’y ajouter ses propres ingrédients.
La vie active
A l’université, j’ai très vite eu envie d’un métier qui me permettrait de mettre en pratique ma matière préférée, le droit pénal. En troisième licence, j’ai eu la chance d’effectuer un stage au parquet de Verviers qui m’a confortée dans mon idée.
Je me suis dit que je passerais bien le concours pour devenir stagiaire judiciaire, puis substitut du procureur du roi. Cependant, je ne remplissais pas toutes les conditions d’accès au concours. Il fallait d’abord que j’aie travaillé en tant que juriste durant un an au moins. Je me suis alors lancée dans cet univers impitoyable qu’est le marché de l’emploi. J’ai répondu aux offres de travail que je trouvais dans les journaux ou sur le net et j’ai envoyé massivement des candidatures spontanées. J’ai décroché mes premiers entretiens, j’ai passé mes premiers tests d’embauche et j’ai appris à apprivoiser deux grandes phrases choc: « Vous n’êtes pas chômeuse complète indemnisée, nous n’obtiendrons donc pas les aides financières de tchic ou tchac si nous vous engageons » ou « Vous n’avez aucune expérience » (en sortant de l’université, ça me semble un peu dur en effet). Exaspérant !
Puis, au début de l’année 2003, j’ai présenté un examen pour la fonction de juriste de parquet. Suite à maintes péripéties administratives, j’ai pu demander et obtenir le poste de juriste de parquet à Verviers. J’étais et je suis toujours aux anges. Cette fonction qui demande, à mon sens, un esprit de synthèse, un raisonnement logique et critique, de bons yeux et un goût prononcé pour la lecture et la rédaction, me permet de travailler dans le domaine pénal et d’acquérir une expérience qui devait m’être utile si je me décide un jour à passer le concours.
Et les loisirs dans tout ça ?
Durant ma deuxième candi droit, pour occuper mon temps libre, je me suis inscrite dans un club de bridge (moi qui ne savais jouer qu’à la bataille). Cependant, j’ai arrêté d’y jouer temporairement parce que, décidément, j’y croisais beaucoup trop de professeurs de Saint-Michel (hi ! hi ! je remets mon bonjour à ceux qui se reconnaîtront. Pour le moment, je prends des cours de langue des signes deux fois par semaine. Ça me fascine depuis que je suis toute petite. Sinon, dans un registre moins « sérieux », depuis qu’un salaire tombe chaque mois dans mon escarcelle, je n’hésite plus à assouvir mes deux plus grandes passions: la bande dessinée et le cinéma.
Autre souvenir ci-dessous… La photo de classe de Vanessa lorsqu’elle se trouvait en 3e secondaire.
